Le Compte Professionnel Prévention (C2P) n’est pas à la hauteur des objectifs assignés Cour des Comptes 12 /2022

   09/01/2023

Dans un rapport consacré aux politiques publiques de prévention en santé au travail dans les entreprises, la Cour des comptes pointe les faiblesses du compte professionnel de prévention (C2P)

Elle considère que le  C2P  n’a qu’un effet réduit, sans impact sur la prévention, et n’atteint pas les objectifs qui lui étaient assignés , depuis le passage du C3P au C2P , ainsi que la suppression de la cotisation patronale spécifique.

Le 01/10/2017, le compte personnel de prévention de la pénibilité (C3P), critiqué pour sa trop grande complexité, a cédé sa place , au compte professionnel de prévention (C2P), jugé plus simple.

Quatre facteurs de risques (manutentions manuelles de charges, postures pénibles, vibrations mécaniques et agents chimiques dangereux), qui étaient jugés comme les plus difficiles à évaluer, ont été retirés du dispositif, ce qui a considérablement simplifié la déclaration annuelle des expositions de l’employeur.

Reste les facteurs de risques suivants : activités exercées en milieu hyperbare, températures extrêmes, bruit, travail de nuit, travail en équipes successives alternantes et travail répétitif.

D’autre part, les cotisations patronales destinées au financement du C2P ont été supprimées depuis le 01/01/2018 ; le financement du dispositif a été transféré à la branche accident du travail et maladie professionnelle (AT/MP) du régime général de la sécurité sociale.

La Cour des comptes pointe des écarts importants entre le nombre de salariés déclarés exposés aux facteurs de risques et ceux potentiellement exposés selon la Dares.

  Tous risques confondus     Salariés déclarés exposés   Salariés potentiellement exposés
                                                     en 2016 – 2017                     selon la Dares en 2016-2017                                                 

Tous risques confondus              759 050                               2 920 000

Travail de nuit                                 256 050                                486 000

Travail en équipes alternantes     220 750                               441 000

Bruit                                                   74 550                                 680 000

Températures extrêmes                 37 200                                228 000

Elle estime que « l’ampleur des écarts, au moins en ce qui concerne certains critères, montre une appropriation , très en deçà des objectifs du dispositif par les employeurs concernés, malgré l’absence de coût pour ces derniers, rendant nécessaire la mise en œuvre d’actions de sensibilisation et de contrôle

La Cour des comptes note également :

  • Les données d’exposition déclarée en 2019 qui restent proches de celles de 2017
  • Le faible nombre d’utilisations du compte, 4 598 depuis le début du dispositif
  • La limitation des comptes à 100 points qui rend possible un départ en retraite anticipé de deux ans au maximum ou une activité à mi-temps sans perte de salaire pendant trois ans (sous réserve d’un accord avec l’employeur).

Rapport Cour des Comptes page 75 : les enjeux du vieillissement actif ne sont pas suffisamment pris en compte 12 /2022