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Sports/Santé

29/01/2023

Pr J. Lecocq, coprésident de la Commission médicale du CNOSF.

Depuis la loi du 02/03/2022, tous les médecins peuvent prescrire une activité physique et sportive adaptée à leurs patients atteints de pathologies chroniques ou ayant des facteurs de risque.

Loi du 02/03/2022 visant à démocratiser le sport en France JO 03

Le but est d’améliorer la santé et l’état physique en prévention primaire, secondaire ou tertiaire.

Cette mesure vise à prévenir ces maladies, à en limiter leur aggravation , et à améliorer le capital santé des patients fragilisés ou sédentaires.

À la suite de la loi du 02/08/2021 santé travail : une expérimentation pour 5 ans, dans 3 régions volontaires , pourra être menée pour autoriser les médecins du travail à 

  • Prescrire et, le cas échéant, renouveler un arrêt de travail ( décret et arrêtés non publiés à ce jour)
  • Prescrire des soins, examens ou produits de santé strictement nécessaires à la prévention de l’altération de la santé du travailleur du fait de son travail ou à la promotion d’un état de santé compatible avec son maintien en emploi.

Cette prescription devrait être subordonnée à la détention d’un diplôme d’études spécialisées complémentaires , ou à la validation d’une formation spécialisée transversale en addictologie, en allergologie, en médecine du sport, en nutrition ou dans le domaine de la douleur.

Guide : Consultation et prescription médicale d’activité physique à des fins de santé chez l’adulte HAS 07/2022

Les nombreux travaux scientifiques confirment l’effet bénéfique de l’APS sur la santé, et que les APS jouent un réel rôle thérapeutique non médicamenteux en cas de maladie chronique.

Rapport INSERM : Activité physique : Prévention et traitement des maladies chroniques 02/2019

L’OMS, de plus, a émis ses recommandations d’APS pour lutter contre l’inactivité physique et la sédentarité 

Rapport « Lignes directrices de l’OMS sur l’activité physique et la sédentarité 2020

  • Dans la majorité des cas, il n’est pas nécessaire de réaliser des examens complémentaires avant.

Le guide de la HAS précise que « les indications de ces examens complémentaires sont limitées et doivent rester ciblées »

La prescription d’examens (épreuve d’effort, bilan biologique sanguin, exploration fonctionnelle respiratoire, etc.) par crainte, par exemple, d’événements cardiovasculaires graves liés à la pratique d’une APS, est rarement nécessaire chez les patients bénéficiant d’un suivi régulier.

Lors de la consultation, il faut que le praticien interroge le patient sur son niveau d’activité physique quotidien.

 Si celui-ci est sédentaire, assis plus de sept heures, voire douze heures par jour, il va lui prescrire dans un premier temps une activité physique adaptée de faible intensité.

Faire peu (durée courte, intensité faible), c’est mieux que de ne rien faire, même si la personne s’y prend tard dans la vie.

Sont concernées toutes les maladies chroniques stabilisées:

  • Maladies cardiovasculaires 
  • Cancers 
  • Diabète 
  • Pathologies ostéoarticulaires 
  • Bronchopneumopathie chronique obstructive ( BPCO)et autres maladies respiratoires 
  • Troubles anxiodépressifs 
  • Maladies neurodégénératives et neuromusculaires 
  • Facteurs de risque tels que l’obésité, etc.

Les Contre-indications temporaires concernent les épisodes aigus ou les décompensations de maladies chroniques.

Pour aider, les professionnels de santé plusieurs outils sont à leur disposition, notamment :

  • Le guide de la HAS évoqué précédemment et les référentiels ou fiches d’aide à la prescription par pathologie 

Fiches/Référentiels par pathologie de la HAS 2022

  • Le dictionnaire numérique Médico sport santé élaboré par le Comité national olympique et sportif français (CNOSF), est accessible à tous, gratuitement, sans formalités
  • Des formations en e-learning, spécifiques pour la « Prescription d’activités physiques et sportives adaptées » [conçues par le CNOSF, proposées sur le site de  Eron santé organisme de formation du groupe VIDAL.                                                      Lors de la visite médicale :                                                                                                                                                                      Le médecin peut accéder au Médico sport santé de deux manières 
    • Soit par disciplines sportives classées par ordre alphabétique
    • Soit par pathologies via le bouton « quel sport pour le patient ? ».

    Si le patient a envie de pratiquer un sport en particulier, il suffit de regarder dans la liste les sports proposés.

    Le Médicosport-santé résulte d’une collaboration entre le CNOSF et les fédérations sportives, pour établir des programmes sport-santé.

    En effet, ces dernières connaissent les actions de prévention primaire, secondaire et tertiaire qui conviennent le mieux à leurs disciplines sportives selon les pathologies.

    À ce jour, 54 fédérations ont répondu, soit 67 disciplines sportives.

    Une liste non exhaustive de pathologies est présentée par les fédérations.

    • Hors visite médicale :

    Le souhait est de donner les moyens aux médecins , de se former à leur rythme en fonction de leurs contraintes professionnelles. ,

    Pour cela, depuis fin 2022, le CNOSF a mis en place des formations e Learning en partenariat avec Eron Santé organisme de formation du groupe VIDAL.

    Le but est de les aider à prescrire les APS adaptées en leur proposant des programmes concrets avec des cas cliniques et des évaluations de leurs pratiques professionnelles.

    Ce ne sont pas des cours académiques, ces formations sont entièrement prises en charge dans le cadre de leur obligation triennale de développement professionnel continu (DPC

    La durée totale de la formation est de 19 heures, mais les médecins peuvent la découper en six modules de durées variables, la suivre sur un, deux, ou trois ans

    • Prescription :

    L’important est de prescrire une APS, même si l’ordonnance n’est pas détaillée.

    Il est préférable que le médecin y apporte des précisions en s’appuyant sur le plan FITT de l’ordonnance :

    • F pour Fréquence qui correspond au nombre de séances par semaine, en général deux à trois 
    • I pour Intensité de l’AP : faible, modéré ou intensif 
    • T pour Temps ou durée de la séance : un quart d’heure, une demi-heure ou une heure
    • T pour Types d’activité : endurance (activité aérobie) ou renforcement musculaire.

    Pour les personnes de 60 ans et plus, il est recommandé des exercices d’assouplissement et d’équilibre en plus.

    • Orientation :

    Orientation vers des réseaux sport-santé qui progressivement se structurent en maisons sports santé voulues par le gouvernement.

     Il en existe environ près de 500 en France.

    Elles accueillent le patient avec son ordonnance d’APS adaptée,  et réalisent un bilan de sa condition physique, de sa motivation et de ses barrières à la pratique d’APS est réalisé afin d’établir un programme sport-santé individualisé.

     Des associations sportives, partenaires du réseau, disposant d’encadrants certifiés, habilités à intervenir auprès de ce type de public lui sont alors proposées.

    Le patient peut également se prendre en charge lui-même s’il est capable de pratiquer en autonomie et en sécurité. En fonction de son lieu géographique, il peut s’informer auprès de  :

    • La mairie 
    • Des clubs sportifs de sa commune dotés d’un pôle Forme Santé agréé 
    • Medico sport santé pour trouver les coordonnées ou la page Santé Loisir de chaque fédération 
    • Agences régionales de santé
    • Le suivi 

    C’est un élément essentiel sur lequel la HAS a énormément insisté : « Lors des différentes visites , le médecin assure le suivi de sa prescription d’AP ou d’APA »

    L’occasion pour le médecin prescripteur d’échanger sur les comptes rendus communiqués par l’éducateur sportif en APA.

    Au bout de trois mois de prescription, se pose la question de l’éventuel renouvellement de l’ordonnance (réalisable par les kinésithérapeutes selon la loi du 02/03/2022) décret en cours

    Un point déterminant pour une pratique pérenne à long terme est que le patient trouve du plaisir à cette activité et qu’il constate une meilleure qualité de vie.

    L’idéal est qu’à terme, il soit en mesure de pratiquer en autonomie et en sécurité dans des structures ordinaires et surtout qu’in fine il intègre l’activité physique dans son mode de vie au quotidien : se déplacer à pied, en vélo, prendre les escaliers plutôt que les ascenseurs, pratiquer des activités de loisir physiques, etc. et surtout qu’il réduise ses activités sédentaires, c’est à dire le temps passé assis (ou couché) au cours de la journée qui est plus délétère que l’inactivité physique.

    • Pour l’instant, il n’y a pas de remboursement par la Sécurité sociale pour le patient, même en ALD.

    Certaines mutuelles peuvent proposer une prise en charge.

    La Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam) et le ministère de la Santé travaillent à la mise en place d’un financement pérenne de l’APA ou du sport-santé.