Premier baromètre national d’OpinionWay et du cabinet Ekilibre Conseil sur les causes profondes du mal-être en entreprise 06/2025.

12/06/2025

À travers ce sondage de plus de 1 025 salariés, une réalité s’impose : fatigue chronique, surcharge mentale, violences banalisées, perte de sens, invisibilité du mal-être sont loin d’être des situations marginales.

Satisfaction affichée, mais détresse réelle :

Le sondage relève ainsi un « paradoxe »: 68 % des salariés expriment une bonne (à très bonne) satisfaction globale de leur travail, mais, en parallèle, plus d’un sur deux ressent un mal-être professionnel

L’étude propose une « cartographie » des facteurs de risques psychosociaux et de la manière dont ils pèsent sur les différents indicateurs de santé au travail. 

  • Intensité et complexité du travail 
  • Horaires de travail 
  • Exigences émotionnelles au travail 
  • Autonomie au travail 
  • Rapports sociaux au travail 

L’étude permet d’identifier, ce qui se cache derrière les termes généraux de stress, de fatigue, de mal-être, de pénibilité et d’insatisfaction.

Ces réalités sont aujourd’hui devenues systémiques. 

Tous ces indicateurs témoignent d’une dégradation structurelle des environnements de travailI , les situations de mal-être doivent devenir un vrai sujet , car elles concernent  l’organisation , et le collectif de travail au sein des entreprises, ce n’est plus seulement une problématique individuelle

Quand la charge mentale, le manque d’écoute ou l’absence de reconnaissance deviennent systémiques, ils produisent de la souffrance.

  • Un mal-être généralisé et persistant :

Près de 8 salariés sur 10 se déclarent concernés par une fatigue professionnelle, symptôme d’un épuisement physique et mental devenu endémique.

66 % vivent un stress quotidien, souvent sans dispositif de régulation

43 % expriment un sentiment de mal-être au travail, parmi ces derniers, 3 sur 4 affirment que cet état nuit directement à leur santé mentale et/ou physique.

Cette sensation négative souvent difficile à décrire est causée par :

  • L’exposition à un rythme élevé  (soit une charge mentale ou physique importante
  • Des changements imprévus » (au niveau des tâches ou des postes) 
  • Une difficulté de gestion des émotions 
  • Un manque de reconnaissance 
  • Une communication insuffisante 
  • Un manque d’écoute 
  • Un sentiment d’inutilité 

Ce mal-être ne reste pas sans conséquences sur les arrêts de travail : 20 % des salariés interrogés déclarent avoir été en arrêt maladie au cours des six derniers mois, pour une cause liée au travail, qu’il s’agisse d’un burn-out, de douleurs musculosquelettiques, ou de troubles psychiques.

  • Violences au travail :

Un quart des salariés (25 %) affirme avoir été exposé à des violences dans leur environnement professionnel, que ce soit à travers des comportements dégradants internes (harcèlement moral, pressions, mises à l’écart) ou des incivilités et agressions externes (clients, usagers).
Parmi ces salariés victimes, 58 % estiment avoir été harcelés moralement, et 19 % rapportent des situations de harcèlement sexuel , ou de comportements sexistes.

Ces violences ne sont pas ponctuelles : près d’un salarié concerné sur trois dit y être confronté fréquemment, voire quotidiennement.

Les causes organisationnelles (charge mentale, intensité émotionnelle, absence d’écoute, absence de reconnaissance, inadéquation des moyens) sont les plus puissants prédicteurs du mal-être,

  • L’intensité cognitive du travail : 64 % des salariés doivent maintenir une vigilance permanente, et près de la moitié (47 %) disent devoir dissimuler leurs émotions pour rester professionnels, quitte à s’épuiser intérieurement.
  • La pression temporelle est également en cause : 39 % dénoncent un rythme de travail soutenu, et 27 % estiment que les moyens mis à disposition sont insuffisants pour atteindre les objectifs fixés.

Ce déséquilibre génère de la frustration, voire un sentiment d’échec.

  • La perte de reconnaissance et de sens est un facteur majeur : 33 % des salariés se sentent invisibles ou dévalorisés, et 24 % jugent ne pas pouvoir produire un travail de qualité, en raison d’une organisation déficiente.

Quand la charge mentale, le manque d’écoute ou l’absence de reconnaissance deviennent systémiques, ils produisent de la souffrance.

Une mobilisation encore insuffisante des entreprises

Selon les salariés,  face à cette réalité, la mobilisation des employeurs reste, en deçà des enjeux. 

55 % estiment que leur entreprise n’agit pas concrètement pour préserver leur santé mentale.

Au cours des trois dernières années, seuls 23 % ont bénéficié d’une formation sur la prévention des risques psychosociaux , et 25 % sur celle des troubles musculosquelettiques.

  • Plus de la moitié des salariés (53 %) ne savent pas vers qui se tourner, en cas de souffrance psychologique au travail dans leur organisation,

Ce sont les collègues (72 %), qui constituent la principale ressource pour celles et ceux qui ont besoin d’aide.

Le manageur direct arrive en deuxième position (33 %), suivi du délégué du personnel (21 %)?  et du médecin du travail ou de l’infirmier (21 %). 

Un « membre des ressources humaines » n’est cité que par 11 % des sondés.

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  • Les entreprises ne doivent plus se limiter à l’écoute des signaux faibles, mais agir sur les leviers structurels du travail lui-même

Le mal-être au travail n’est pas une fatalité individuelle, mais un révélateur d’un dysfonctionnement collectif

Il nécessite  une refonte de la prévention alignée sur la réalité du terrain , et non sur des logiques d’affichage.

  • Mettre en place un diagnostic organisationnel , via une méthodologie rigoureuse et des compétences internes capables d’analyser les résultats
  • Former les RH, l’ensemble des encadrants et collaborateurs : avec un cahier des charges permettant d’évaluer l’impact des actions
  • Mettre en place un tableau d’indicateurs dédiés à la santé mentale,  et en rendre la publication annuelle obligatoire au CSE
  • Réhabiliter la fonction RH dans son rôle stratégique : en restaurant la confiance par une communication régulière, explicite et accessible sur les dispositifs en place.

La culture du travail doit être repensé , pour que l’écoute , et la reconnaissance deviennent la norme, et ne relèvent plus de l’exception.