Coup de gueule : au 21è siecle la Santé au Travail a déjà connu 4 réformes en vingt ans : 2004, 2011, 2016 et 2021… fuite en avant ?

22/06/2025

Quel secteur a vu autant de réformes en si peu de temps?

Toutes se sont accordées sur des constats, sans qu’aucune d’entre elles n’apporte véritablement une réponse satisfaisante et pérenne

Le ministère du travail a missionné  à nouveau l’IGAS  (21/05/2025)  sous 4 mois ( soit en plein été),  afin d’examiner l’impact des différentes réformes de la santé au travail , et les freins qui peuvent encore être levés pour faciliter l’exercice des missions des SPST inter-entreprises et autonomes.

Un é nième rapport sur le sujet , dont le nombre est encore plus important que les réformes elles mêmes !!

Les principaux intéressés sur le terrain seront-ils au moins auditionnés cette fois pour donner leur ressenti et leurs propositions ? ; on peut en douter,  cette mission devant s’effectuer rapidement soit en plein été , vue les délais fixés par le ministère du travail

Les SPSTI rencontrent encore pour beaucoup d’entre eux des difficultés à remplir leurs missions. ; la pénurie médicale s’accentue : 4298 médecins du travail en 2022, 3565 en 2030, et jamais de mesures sérieuses envisagées , si ce n’est des pis aller qui ne marcheront jamais ex : création du médecin praticien correspondant,  non spécialiste en médecine du travail,

Lettre de mission du ministère du travail à l’IGAS 21/05/2025

Il faut noter quelques avancées dans la dernière réforme de 08/ 2021 :la clarification des missions des services de santé au travail (offre socle) , leur certification ; création de cellules pluridisciplinaires de prévention de la désinsertion professionnelle ; une ouverture bien timide vers la santé publique, la numérisation des dossiers santé travail  et l’interopérabilité des système informatiques.  

  • Une nouvelle modification de leurs missions permettra-t-elle d’inciter les jeunes médecins à venir dans la discipline,  ou au contraire les en éloignera t-elle encore un peu plus ; sachant que l’ensemble des étudiants en médecine de 6è année  ne connaissent pas la santé au travail ,ni la santé publique et la santé environnementale , car quasiment invisibles lors des études de médecine ( une dizaine d’heures tout au plus pendant tout le cursus de formation  )          

Pour une meilleure prévention : intégrer  les différentes dimensions de la santé : personnelle, professionnelle et environnementale est une nécessité , pour diminuer le coût « pharaonique »  actuel de la santé

On ne peut plus a l’heure actuelle dichotomiser la santé

« One Health » comme le prônent de plus en plus d’experts, et d’institutions (OMS) …

Actuellement Santé au travail, Santé Publique ( pathologies chroniques…) et Santé Environnementale ( réchauffement climatique, pollution atmosphérique …)  ne sont plus dissociables

Restée trop souvent un vœu pieux, bénéficiant de maigres budgets ( actuellement moins de 2%, du total des dépenses de santé , qui sont pourtant colossales en France ) , la prévention est apparemment au cœur des projets des autorités de santé.

Il faut réinventer notre système de santé

Quelques pistes:

II faudrait :

  • Revoir la gouvernance ++au niveau des pouvoirs publics, avec une vision large de la prévention , et une véritable dynamique d’innovation ; les outils numériques et l’intelligence artificielle sont des opportunités à ne pas manquer ; nous entrons dans une nouvelle ère de la prévention. 
  • Rapprocher tant en termes de pilotage stratégique , que de coordination opérationnelle et de financement les trois univers de la prévention (santé au travail santé publique ,santé environnementale )

Si la prévention est considérée comme source de performance économique pour les entreprises , pourquoi ne pas l’appliquer à la santé en France??? , au moment ou les comptes de la Sécurité Sociale sont dans le rouge (  « garder l’individu en bonne santé, serait sûrement plus rentable , que de dépenser des fortunes pour le soigner »)

  • Augmenter le budget en matière de prévention (actuellement moins de 2%, du total des dépenses de santé , qui sont pourtant colossales en France )
  • Intégrer véritablement: Santé au travail, Santé Publique  Santé  Environnementale dans le cursus des  études médicales et paramédicales +++  ( actuellement ne sont quasiment pas abordées, et donc inconnues !! ), afin d’attirer les futurs professionnels de santé dans un projet ambitieux 

Près de 80 ans après sa création ,la santé au travail, est toujours à la recherche d’un véritable second souffle

Elle recèle de véritables  potentialités, et doit se positionner en acteur majeur de la  prévention, en mesure de jouer un rôle déterminant , dans la refonte du système de santé français, pour lequel la prévention est désormais considérée comme un enjeu décisif.

Prévention, Dépistage, Maintien en emploi , Veille sanitaire

En ce sens, les SPSTI disposent de plusieurs atouts non négligeables :

  • Peuvent accompagner l’ensemble de la population active du pays sur le très long
    terme
    (plus de 40 ans) , de son entrée dans le monde du travail,  à son départ en retraite
  • Présentent  un maillage extrêmement dense, qui quadrille tout le  territoire
  • Sont déjà financés par les entreprises ;  seuls des financements complémentaires seraient nécessaires , pour y inclure  véritablement la santé publique & la santé environnementale

Dans cette perspective, il conviendrait simplement de revoir le système de financement ,  qui deviendrait mixte, afin de financer l’intervention de nouveaux acteurs, en complément des acteurs historiques que sont les entreprises

  • La base de financement traditionnelle per capita demeurant intégralement à la charge de l’entreprise, correspondant à l’offre socle des services de prévention santé au travail définie par la loi du 02/08/2021
  • Des prestations complémentaires :
  • La CNAM : prestations financées au titre des actions de santé publique,  et de prévention, figurant au rang des priorités gouvernementales : bilans de santé aux  différents âges de la vie ( déjà mis en place, mais que les médecins généralistes n’effectuent pas, par manque de temps) , consultations de spécialistes, examens
  • Assureurs santé complémentaires dans le cadre des contrats collectifs santé/prévoyance souscrits par les entreprises

« L’espoir fait vivre » ,  nos politiques auront ils enfin le courage de s’attaquer à un des problèmes majeurs  en France:  le système de  santé , qui est en quasi faillite financière , en changeant de paradigme :  : privilégier la prévention au tout curatif , comme c’est déjà le cas dans de nombreux  pays du nord de l’Europe ??

L’intelligence artificielle permet d’envisager une médecine moins portée sur le soin, et davantage sur la prévention.

Affaire à suivre…